Améliorer la qualité de vie des jeunes filles et des femmes à Tchaourou au Bénin

Contexte

Selon l'ONG WaterAid, environ 800 millions de filles et de femmes en âge de procréer ont leurs
règles, à travers le monde, à l'échelle d'une journée. La question menstruelle est une réalité biologique universelle : toute femme en bonne santé aura ses règles en moyenne entre 2 555 et 3 000 jours dans sa vie. Cependant, toutes ces femmes ne sont pas à égalité en ce qui concerne la gestion du cycle menstruel. La précarité sociale et économique prive certaines d'une hygiène menstruelle satisfaisante. Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) définit la précarité menstruelle comme « les difficultés de nombreuses femmes et filles à se payer des protections hygiéniques à cause de leurs faibles revenus ». Toujours selon l'UNFPA, la précarité menstruelle « recouvre également la vulnérabilité économique accrue dont souffrent les femmes et les filles à cause du poids financier des protections hygiéniques mais aussi du coût des antidouleurs ainsi que des sous-vêtements » Cet état de fait peut se constater quel que soit le continent de résidence de la femme ou la jeune fille en difficultés socio-économiques. Dans les pays en développement, les situations sont d'autant plus intolérables. En Afrique de l'Ouest par exemple, beaucoup de femmes ont recours à des solutions qui peuvent mettre en péril leur santé gynécologique (utilisation de feuilles, de bouts de pagnes usagés etc…). Même si en Occident les tabous et croyances qui entourent la période menstruelle sont peu à peu levés, de nombreuses cultures, un peu partout dans le monde, ostracisent la femme menstruée. Au Bénin, pays où l'association « Des Unes Aux Autres » organise ses activités, s'il semble que la femme ne soit plus exclue de la communauté pendant cette période, mais les règles demeurent un sujet tabou, qui n'est pas ou peu abordé au sein des familles ou des établissements scolaires. « Avoir ses règles » demeure une situation honteuse, que l'on se doit de cacher. Ces comportements socioculturels, conjugués à la précarité menstruelle évoquée plus haut, ont de lourdes conséquences sur la scolarité des adolescentes. Selon l'Unicef, en Afrique, une adolescente sur dix serait déscolarisée pendant sa période de règles. 83% des filles restant en classe se disent angoissées. La méconnaissance du fonctionnement de son propre corps génératrice de fantasmes et de peurs, les douleurs et spasmes menstruels, la crainte d'avoir un vêtement taché faute de protection adaptée et de subir les moqueries des autres, la sensation d'être sale, impure….sont autant de sources de mal être et malaises qui expliquent l'absentéisme scolaire des jeunes filles, ou lorsqu'elles restent présentes, leur manque d'attention.

Le contexte local : Les constats dressés précédemment sont également observés par les animateurs de l'ONG ADEF (partenaire local), dans le cadre de leurs activités auprès des communautés à Tchaourou, il est corroboré par le Service de Coopération et d'Action Culturelle qui encourage ce projet (cf annexe 6 courrier SCAC). Le sujet des règles est tabou dans les familles et les jeunes filles manquent d'informations sur la survenue des règles. Dans la plupart des familles, la venue des règles n'est pas préparée. C'est après leur apparition que les parents ( surtout la maman) donnent des conseils à l'enfant sur l'hygiène menstruelle et les risques encourus en cas de rapport sexuel. A l'école, rien n'est fait par rapport à cela, le thème de la sexualité est abordé en classe de 3eme. Les principaux freins rencontrés sont de plusieurs ordres, éducatifs mais aussi culturels, religieux. – Le manque d'information – La non connaissance du corps de l'enfant par lui-même et du corps de l'autre – La honte d'en parler (surtout les pères) – Dans certaines croyances religieuses ou traditionnelles la fille ou la femme est impure durant cette période (n'entre dans la mosquée, couvent, église) – Dans certaines croyances religieuses, la fille qui a ses premières règles doit être donnée en mariage – La fille ou la femme en menstrue ne fait pas la cuisine dans certaines familles Aujourd'hui à Tchaourou, Il n'y a pas de réponse satisfaisante pour une bonne prise en charge par les jeunes filles durant les périodes menstruelles (utilisation de morceaux de pagnes usagés, serviettes jetables couteuses…), ce qui perturbe chaque mois leur vie quotidienne et leur bien-être. Douleurs, crampes au bas ventre, honte, peur de se salir, moqueries des autres camarades, la faim causée par l'utilisation de l'argent du petit déjeuner pour l'achat de serviettes hygiéniques jetables, le manque d'infrastructures adéquates dans les écoles et dans les centres d'apprentissages pour changer les serviettes (absence de local toilettes avec l'eau courante) sont autant de raisons qui engendrent un l'absentéisme scolaire chez les jeunes filles. Enfin, la gestion des serviettes usagées, jetées dans les fosses septiques ou dans la nature crée un problème d'environnement.

Partenaires locaux

Partenaire principal :ONG ADEF (Actions pour le Développement et l’Epanouissement de la Famille)

CPS de Tchaourou 

Objectifs du projet

Agir pour rendre accessibles à toutes des protections périodiques lavables, adaptées et durables, informer et éduquer pour lutter contre les fantasmes et les tabous,  libérer la parole des filles et des garçons, sont les objectifs que souhaitent atteindre l'association Des Unes Aux Autres et ses partenaires à travers ce projet.

Activités

1 – Séances de sensibilisation auprès des jeunes filles et garçons : écoles primaires (CM1, CM2) et collèges publics, et jeunes en formation d'artisans

2- Séances dinformation auprès des adultes (femmes, enseignants, ménages)

2- Confection de 5800 kits par 20 jeunes Couturières encadrées et accompagnées à la création d'entreprise

Résultats

Grace à une meilleure connaissance sur les règles et l’hygiene menstruelle, il y a moins de tabous et une meilleure prise en charge de cette période. 

Résultats attendus : 

– Moins d’absenteisme scolaire,

– Plus d’autonomie des filles

– Plus de dialogues dans les familles

– Accès localement à des produits d’hygiene adaptés (kits de 4 serviettes lavables durables etconfortables)

– Développement d’une confection locale (couturières formées)

– Moins d’impact sur l’environnement (par rapport aux déchets non traités et non dégradables )